Pourquoi mangeons nous? Qu’est ce que nous mangeons?
A l’instar des robots nous avons besoin d’autre chose que de l’énergie. Certes nous avons besoin de calories pour fonctionner. Il s’agit du carburant de notre corps. Que ce carburant soit apporter sous forme de sucre, de graisse ou de protéine, le corps va donc s’en servir pour fonctionner. Lorsque nous prenons en compte uniquement le côté « machine » de l’être humain on peut du coup lui faire perdre du poids temporairement en amenant moins de carburant (= régime). Et si l’on en amène trop on prend du poids. Mais vous définissez vous comme une machine? Certes non. Ce qui nous différencie c’est notre capacité à ressentir, à avoir des émotions. Ces émotions peuvent parfois nous mener à manger. On parle alors d’alimentation émotionnelle.
Cette dernière est partout. Nous mangeons des représentations, des symboles. Pensez à Proust et sa célèbre madeleine. Il ne consomme pas uniquement du blé, du beurre et de la fleur d’oranger. Non il incorpore en lui des souvenirs, des odeurs, des moments précis qui remontent dans ses pensées au fur et à mesure de la dégustation. Il mange ainsi des symboles.
Le symbole n’est pas forcément positif
Quand on parle d’émotions, on peut les classer en 2 grandes catégories. Les agréables et les désagréables. Ainsi lors d’un bon moment (cinéma, repas entre amis, RDV avec sa moitié,…) on peut donc être amené à manger plus pour amplifier ce moment de plaisir. A l’inverse, lors d’une émotion douloureuse (rupture, colère, mauvaise nouvelle,…) on peut manger pour calmer cette émotion, voire pour ne plus y penser. L’alimentation émotionnelle pour calmer une émotion négative n’est pas délétère jusqu’à un certain point.
Quand l’alimentation émotionnelle devient un trouble
On parle de trouble de l’alimentation émotionnelle quand on arrive pas à se réconforter avec. Prenons un exemple:
« Jeanne a pour habitude de se réconforter en mangeant 2 carreaux de chocolat noir lors d’une très mauvaise nouvelle. Cela l’apaise. Elle sait qu’en cas de coup dur, son copain le chocolat noir l’attend et l’aidera. Progressivement plutôt que d’attendre une émotion douloureuse (cotée 8/10) elle va diminuer son seuil de tolérance aux émotions à 6. Dès lors c’est sa nouvelle limite. Et ça marche. Super! Elle a de moins en moins de coup dur. Logique vu qu’elle n’attend plus le 8/10 pour avoir son réconfort. Ainsi de suite jusqu’au moment où Jeanne va abaisser son seuil de tolérance à une limite très basse. A partir de là, elle ne pourra plus supporter de ressentir la moindre émotion négative. Vite vite vite le chocolat. Elle ne laissera plus vivre la moindre émotion et répondra directement par l’acte alimentaire. On parle alors d’intolérance émotionnelle. »
Cet abaissement du seuil de tolérance émotionnelle est d’autant plus handicapant que peuvent s’ajouter 2 phénomènes:
- le fait d’augmenter fortement sa consommation de chocolat peut amener Jeanne à prendre quelques kilos supplémentaires si elle n’écoute pas ses sensations alimentaires régulatrices. Or ces kilos peuvent être eux mêmes source d’émotion négative et déclencher une prise alimentaire de chocolat réconfortant. Doucement le cercle vicieux s’amorce.
- Jeanne peut être amener à ne plus pouvoir se réconforter avec 2 carreaux de chocolat. Pour plusieurs raisons. Si elle pense du mal du chocolat alors en mangeant elle culpabilisera et ne pourra trouver du réconfort.
Que faire?
Je ne suis absolument pas en train de sous entendre qu’il ne faut pas manger par émotion. Par contre, un travail sur le côté émotionnel de Jeanne serait à entreprendre. L’accueil des émotions est une partie fondamentale de l’alimentation émotionnelle. Nous sommes des êtres d’émotions. Il est donc normal que nous en ressentions. Apprenons à les accueillir pour ne pas qu’elles nous submergent et nous amènent dans des processus comportementaux délétères pour notre santé physique et psychologique.
Dr Jean-Philippe Zermati a dit en congrès sur les émotions: « Le problème n’est pas de vouloir se réconforter en mangeant, mais c’est de ne pas y parvenir. »